Brigitte Challande, 8 novembre 2024. Abu Amir envoie un texte d'analyse concernant les élections américaines et la victoire de Trump.
« Biden et Trump : les deux faces d'une même médaille
Les présidents changent, tout comme leur discours, mais les grandes lignes de la politique américaine à l'égard de Jérusalem et de la Palestine restent les mêmes, chaque président mettant en œuvre un programme cohérent avec les intérêts stratégiques des États-Unis dans la région, que ce soit par l'intermédiaire des démocrates ou des républicains.
Malgré les différences de méthodes, l'administration de l'ancien président Donald Trump et celle de l'actuel président Joe Biden sont les deux faces d'une même médaille, traitant de Jérusalem et des Palestiniens dans le cadre de politiques qui vont dans le sens de l'agenda israélien, avec des différences dans la manière dont ces politiques sont mises en œuvre et dans la manière dont elles sont adoptées.
Trump : des politiques claires et violentes à l'égard de Jérusalem
Le 6 décembre 2017, Trump a annoncé sa décision de déplacer l'ambassade américaine de Tel Aviv à Jérusalem, la reconnaissant comme capitale d'Israël. Cette décision a marqué un tournant dans la politique américaine envers la ville, car l'administration Trump a confirmé la mise en œuvre d'une loi votée par le Congrès américain en 1995 appelant au transfert de l'ambassade, bien que les présidents précédents aient évité de la mettre en œuvre par crainte de tensions régionales. Le déménagement de l'ambassade a été officiellement annoncé le 18 mai 2018, jour anniversaire de la fondation d'Israël, dans un geste symbolique visant à renforcer la position internationale d'Israël mais aussi à provoquer de profondes turbulences au niveau palestinien et régional.
Fermeture du consulat américain : marginalisation directe des Palestiniens Parmi les décisions les plus flagrantes de Trump figure la fermeture du consulat américain à Jérusalem, qui avait historiquement été le canal diplomatique des Palestiniens à Jérusalem et en Cisjordanie. En le fermant et en fusionnant ses services avec la nouvelle ambassade, Trump a affaibli le contact direct avec les Palestiniens, diminué l'engagement de Washington envers leurs causes et reflétait un changement fondamental dans l'approche traditionnelle des États-Unis.
Couper les fonds destinés au secteur de la santé palestinien : les décisions de Trump ne se sont pas limitées aux seules questions diplomatiques ; Elles ont notamment consisté à suspendre l'aide financière aux institutions palestiniennes, notamment aux hôpitaux palestiniens de Jérusalem. En septembre 2018, l'administration américaine a annoncé la suspension de 25 millions de dollars qui avaient été alloués au soutien de six hôpitaux fournissant des services vitaux aux Palestiniens. Cette décision a directement affecté le secteur de la santé palestinien et a privé de nombreux patients des soins nécessaires, ce qui a accru les souffrances des Palestiniens de Jérusalem.
Preuve de l'identité de Jérusalem dans les passeports : l'administration Trump a continué de faire valoir ses politiques claires concernant la souveraineté sur Jérusalem, autorisant les Américains nés à Jérusalem à écrire « Israël » dans le champ du lieu de naissance de leur passeport américain en octobre 2020. La politique précédente évitait de mentionner un pays spécifique par respect pour le statut contesté de la ville, reflétant la volonté de l'administration Trump de changer le statu quo en faveur d'Israël.
Réduire l'aide et marginaliser l'UNRWA : les actions de l'administration Trump ne se sont pas arrêtées à Jérusalem, mais se sont étendues à toutes les zones palestiniennes, puisque la Maison Blanche a annoncé en août 2018 qu'elle cesserait de fournir 200 millions de dollars d'aide économique à la Cisjordanie et à la bande de Gaza, et a suivi cette décision en arrêtant tout soutien financier à l'UNRWA en septembre de la même année, ce qui a conduit à réduire la contribution américaine à seulement 60 millions de dollars. Cette mesure s'inscrivait dans le cadre d'un plan visant à priver les réfugiés palestiniens de leur soutien de base via l'UNRWA, dont des millions de Palestiniens dépendent pour l'éducation, la santé et les secours.
Biden : des politiques en coulisses sans réel changement.
Quant à l'administration Biden, elle a continué avec la même approche de base mais indirectement, en prenant soin de ne pas reculer publiquement sur les décisions de Trump, tout en adoptant une approche plus calme et plus ambiguë, tout en maintenant des relations étroites avec Israël.
Malgré quelques déclarations de sympathie envers les Palestiniens et le rétablissement d'une partie du financement de l'UNRWA, la politique de Biden n'a pas inclus de mesures concrètes reflétant un engagement en faveur de la justice pour les Palestiniens ou un recul par rapport aux décisions fondamentales liées à Jérusalem. L'impact des politiques sur les Palestiniens à Jérusalem et en dehors
En conséquence de ces politiques, qu'elles soient claires pour Trump ou ambiguës pour Biden, l'administration américaine a laissé son empreinte sur la vie des Palestiniens à Jérusalem, alors que les conditions économiques se sont détériorées et que les pressions sur les institutions palestiniennes se sont intensifiées. Alors que les politiques de Trump représentaient une confrontation directe, celles de Biden se poursuivent de manière invisible mais n'en sont pas moins influentes, ce qui entraîne une frustration croissante chez les Palestiniens et des craintes d'un soutien absolu continu des États-Unis à Israël.
En fin de compte, les démocrates et les républicains partagent une approche commune à l'égard d'Israël, bien qu'avec des méthodes différentes. Alors que les démocrates utilisent une approche diplomatique plus polie, les républicains sont plus directs dans la promotion des intérêts d'Israël dans la région. »
Dans ce très sombre contexte international et dans la continuité de la guerre à Gaza, Abu Amir et son équipe continuent de construire de nouveaux projets qui permettront toujours à la population gazaouie une autonomie de vie et une amélioration de leurs conditions.
« Projet visant à permettre aux agriculteurs de cultiver leurs terres : région de Deir al-Balah Est
Cette initiative vise à soutenir les agriculteurs de la région de Deir al-Balah Est et à leur permettre de retourner sur leurs terres et de les cultiver à nouveau, après avoir souffert du déplacement et de la privation de leurs ressources de base. Le projet vise à leur fournir l'équipement agricole et les semences nécessaires, dans le but d'améliorer leur production agricole et de contribuer à la durabilité de leurs moyens de subsistance.
Dans le cadre de cette initiative, nous avons distribué des plants et des semences aux agriculteurs de la région, et nous avons constaté des résultats positifs puisqu'un grand nombre d'entre eux ont commencé à retourner à l'agriculture et à élargir le champ de leurs activités agricoles. L'initiative a permis d'encourager les agriculteurs à récupérer leurs terres et à atteindre l'autosuffisance, ce qui les aide à améliorer leur situation économique.
Les objectifs du projet :
- Donner aux agriculteurs les moyens de retourner sur leurs terres et d'augmenter leur production agricole.
- Soutenir la durabilité économique des agriculteurs et réduire leur dépendance à l'égard des marchés extérieurs.
- Fournir les outils agricoles nécessaires à l'irrigation et aux soins des cultures, ce qui contribue à améliorer la qualité de la production agricole.
- Faciliter l'accès à l'eau en fournissant des pompes alternatives qui aident les agriculteurs à utiliser les puits artésiens qui ont été endommagés en raison des déplacements et de la négligence.
Difficultés rencontrées par le projet :
Malgré le succès initial de l'initiative, les agriculteurs ont dû faire face à plusieurs obstacles qui ont entravé leur travail. Ces difficultés comprennent le manque d'équipements nécessaires tels que les moteurs de pulvérisation et les tuyaux d'irrigation utilisés dans les serres et pour l'irrigation extérieure. Certains de ces équipements ont été détruits lors du déplacement, tandis que d'autres ont été volés, ce qui a directement affecté la capacité des agriculteurs à répondre aux besoins de leurs cultures.
En outre, certains agriculteurs possèdent des puits artésiens qui fonctionnaient au diesel, mais comme ils ont été négligés pendant toute une année, il leur est devenu difficile de les remettre en service pour irriguer leurs cultures. Pour surmonter ce problème, nous avons lancé un appel aux agriculteurs pour qu'ils nous fournissent une pompe à eau alternative qui les aiderait à faire fonctionner ces puits à nouveau et à redonner vie à leurs terres agricoles qu'ils ont été forcés d'abandonner. Lors de notre réunion avec les agriculteurs, il y avait deux des agriculteurs les plus pauvres parmi les agriculteurs, et ils ont demandé de l'aide pour leur fournir des semences afin qu'ils puissent à nouveau cultiver.
Cette initiative est essentielle pour renforcer la résilience des agriculteurs face à des circonstances difficiles, leur permettre de rétablir leur activité agricole et contribuer à fournir des produits locaux de haute qualité. Le projet contribue également à soutenir la stabilité économique et sociale des agriculteurs et à renforcer leur rôle en tant que source vitale de sécurité alimentaire dans la société. »
Retrouvez l'ensemble des témoignages d'Abu Amir et Marsel :
*Abu Amir Mutasem Eleïwa est coordinateur des Projets paysans depuis 2016 au sud de la bande de Gaza et correspondant de l'Union Juive Française pour la Paix.
*Marsel Alledawi est responsable du Centre Ibn Sina du nord de la bande de Gaza, centre qui se concacre au suivi éducatif et psychologique de l'enfance.
Tous les deux sont soutenus par l'UJFP en France.
Pour participer à la collecte "Urgence Guerre à Gaza" : HelloAsso.com
Les témoignages sont également publiés sur UJFP; Altermidi.org